Enjeux de la lecture labiale pour une rentrée inclusive des jeunes déficients auditifs

La lecture labiale consiste à prélever des informations sur les lèvres associées à l’information sonore. Elle est relative au niveau de langage déjà acquis ce qui signifie que la lecture labiale consiste « à reconnaitre ce que l’on connait déjà ».  Sur l’ensemble d’un message oral la lecture labiale ne représente que 30% de l’information. Pour être pleinement opérationnelle, elle nécessite la suppléance mentale qui permet de déduire ce qui n’est pas visible sur les lèvres.

La difficulté de la lecture labiale est due au fait que le système phonologique français est composé de sons identiques sur les lèvres appelés sosies labiaux dont voici quelques exemples pour les consonnes [p]=[b]=[m], [t]=[d]=[n]... ainsi que pour les voyelles “è”=”in”, “o”=”on”...

Par ailleurs, les sons [k], [g], [r] sont invisibles sur les lèvres.

A titre d’exemple, si vous prononcez « je mange des frites » et « je marche très vite » devant un miroir, vous remarquerez que l’image labiale est similaire pour ces deux phrases. Il en est de même pour « gendarme » et « je t’aime ».

Durant toute leur enfance, les publics sourds sont entrainés à la lecture labiale, spécifiquement dans le cadre des séances d’orthophonie et plus généralement dans leur quotidien.

Il existe un outil appelé la LfPC (Langue française Parlée Complétée) qui permet de lever les ambiguïtés dues aux sosies labiaux à l’aide d’un code manuel.

Qu’en est-il de la lecture labiale quand le port du masque se généralise ?

Depuis le début de la crise sanitaire, les consignes gouvernementales imposent ou conseillent vivement le port du masque, réduisant ainsi l’apport d’informations pour les publics sourds, et plus globalement pour tout un chacun.

Cette nouvelle situation nous fait prendre conscience que les informations proviennent non seulement de la lecture labiale mais aussi de tout le visage. En effet, le visage nous renseigne sur les émotions, les sensations et les réactions de l’interlocuteur ; on peut ainsi y lire l’étonnement, la surprise, la joie mais aussi y percevoir le rosissement des joues, la pâleur du teint... autant d’informations qui renseignent.  Dans le contexte sanitaire actuel, la prise d’informations ne s’effectue, pour les publics sourds, que par le regard entravant ainsi considérablement la communication.

Les solutions apportées en termes de protection sont peu fonctionnelles, ainsi pour :

  • Le masque (buée si port de lunettes, dissimule le visage...)lecture labiale
  • Le masque avec fenêtre transparente non conforme aux règles sanitaires dès lors qu’il y a des coutureslecture labiale
  • La visière (résonance, buée, sensation d’étau sur le front, gêne l’expression gestuelle...)lecture labiale
  • Le plexiglas reste le meilleur support car le visage est dégagé et offre une liberté de mouvement aux interlocuteurs.lecture labiale

Toutes ces considérations nous appellent à une vigilance certaine dans nos interactions avec les publics sourds. 

Dany DELTONNE-LAMIREL (orthophoniste) et Julie LOMBARD (codeuse LfPC)

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    Publié le 01/09/2020

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